Le projet de loi Blanquer a été adopté par l’Assemblée Nationale le 19 février ! Que contient-il ?
L’« Ecole de la confiance » de Blanquer, c’est la destruction « en marche rapide » de notre Ecole républicaine… !
… mais les enseignants n’auront plus le droit de le dire !… car dès son article 1, cette loi se charge de les museler en leur imposant un devoir de réserve. C’est une atteinte sans précédent à la liberté d’expression des enseignants, une énième atteinte aux libertés démocratiques…
Dorénavant,les profs n’auront plus le droit de critiquer la politique du Ministère, mais ils devront par contre obligatoirement accrocher bien en vue un drapeau français, un drapeau européen et la Marseillaise dans chacune de leurs classes !
Des profs, le petit doigt sur la couture du pantalon, et bientôt, des élèves au garde à vous ?!
Par ailleurs, pour que les prochaines réformes se fassent plus facilement, le projet de loi Blanquer a tout prévu : elles pourront être décidées, comme pour la Loi Travail, par ordonnances !
La loi Blanquer doit permettre pour l’Etat des économies d’ampleur sur le dos des personnels et de leurs élèves, contre l’Ecole républicaine
…. avec :
– L’organisation de la disparition de l’école maternelle de la République remplacée par des structures privées ou municipales (Art 4) – Un amendement autorise la scolarisation jusqu’à 6 ans dans un «jardin d’enfants»: ≪ Par derogation a l’article L. 131‐2 du code de l’education, l’instruction obligatoire peut, au cours des annees scolaires 2019‐2020 et 2020‐2021, etre donnée aux enfants âgés de trois à six ans dans un établissement d’accueil collectif recevant exclusivement des enfants âgés de plus de deux ans dit ≪ jardin d’enfants.≫)
– La création d’Etablissements Publics Locaux des Enseignements Fondamentaux (Art 6), c’est à dire la suppression des directeurs et des écoles et la destruction du Statut. En effet, Le projet de loi prévoit clairement dans l’article L. 421-19 que le directeur d’école n’existe plus. Les écoles disparaissent comme entités administratives. Si les bâtiments existeront toujours, ils ne seront qu’un site parmi d’autres d’un établissement placé sous l’autorité d’un chef d’établissement, supérieur hiérarchique unique des personnels du premier et du second degré. Le chef de cet établissement d’un nouveau type se trouverait lui-même placé sous la tutelle des collectivités territoriales. Pour le ministre, l’objectif avéré est de passer de 45 000 écoles à 18 000 établissements (80 % des écoles seraient supprimées ainsi que leurs directions !).
– Un élargissement considérable du financement des écoles privées (Art 2) ! La seule véritable conséquence concrète de la scolarisation obligatoire dès 3 ans, c’est l’augmentation mécanique des subventions de l’état aux écoles privées. 96 % des enfants de 3 ans frequentent déjà l’ecole maternelle a l’heure actuelle mais, avec cette loi, en application de la loi Debré, ce sont les communes qui se verront imposer de participer aux frais des jardins d’enfants prives et des ecoles privees pour les enfants de 3 a 6 ans. Ce sont à nouveau plusieurs millions d’euros publics qui vont etre deverses dans les caisses de l’ecole privée, à grande majorite confessionnelle catholique.
– Des surveillants qui pourront aussi enseigner … à bas coût, sans formation, sans Statut ! (Art 14)
La loi Blanquer prévoit la modification du recrutement des AED, qui pourront être utilisés comme professeurs apprentis à moindre coût. Recrutés par contrat en L2, sans le statut de professeur stagiaire, ils seront exposés au licenciement jusqu’à leur titularisation qui n’interviendra qu’à la fin de leur M2. Ils seraient licenciables pendant 4 ans. A charge aux enseignants titulaires de les former, sans rémunération supplémentaire. Cela ressemble fort à la période d’essai du contrat première embauche qui avait dû être abrogé face à la mobilisation des jeunes et des salariés, avec leurs organisations.
– Des enfants handicapés toujours plus abandonnés dans les classes ordinaires sans enseignement adapté (Art. 5) … La logique de l’école inclusive se poursuit ! Dans la logique de la loi Montchamps de 2005, le gouvernement veut :≪supprimer les categories des Etablissements et Services Medico‐Sociaux≫ (IME, SESSAD, ITEP)≫. Ces destructions vont de pair avec la generalisation des ≪partenariats institutionnels entre ARS et Education nationale par voie de convention≫. Le constat est sans appel : les eleves relevant des etablissements specialises sont de plus en plus nombreux dans les classes ordinaires. Les quelques AVS sous-payés pour leur suivi seront mutualisés pour plusieurs élèves…
– La fin de l’évaluation indépendante des politiques éducatives (Art.9) : Le projet de loi prévoit la création d’un conseil de l’évaluation à la place de l’organisme indépendant CNESCO, chargé de la « méthodologie et des outils d’évaluation ». Pour FO, les élèves sont évalués par les examens nationaux. Or la réforme du lycée remplacera le baccalauréat par des diplômes expérimentaux et locaux, pour le meilleur comme pour le pire. Après l’évaluation des personnels sur ces critères multiples, arbitraires et locaux, découlant de PPCR, on introduit l’évaluation des établissements en s’appuyant sur l’évaluation des élèves. C’est un pas vers le pilotage du système par les résultats en lieu et place des horaires et des programmes nationaux. C’est la mise en concurrence des établissements.
Les autres dispositions essentielles de ce projet de loi sont en total cohérence avec la logique de pulvérisation des garanties nationales de la réforme territoriale.
Il sera ainsi possible d’adapter localement les horaires d’enseignement. En fonction des moyens locaux, un établissement pourra proposer un enseignement de mathématiques pendant une moitié de l’année (Art. 6). Dans un contexte de pénurie aiguë de professeurs de mathématiques, cela ne paraît pas de la science-fiction. Le tronc commun de Première dans le projet de réforme du lycée, mutualisant, dans l’enseignement scientifique, les sciences-physiques, la SVT et les mathématiques, donne aussi cette possibilité aux chefs d’établissement, de plus en plus confrontés à un manque de personnels.
De quelle égalité républicaine s’agit-il quand le projet de loi prévoit la généralisation des établissements type école européenne de Strasbourg appelés EPLEI ? Pour ces écoles du socle, les volumes d’heures ne seront pas annualisés mais feront l’objet d’une répartition sur plusieurs années. En effet, l’organisation de la scolarité, par cycle, mettra fin à la notion de niveau et à l’organisation annuelle des enseignements.
Ces écoles seront aussi susceptibles d’être financées par « des personnes morales de droit privé », autrement dit des entreprises ou des associations.
Ces dispositions créent un précédent inacceptable, susceptible d’être étendu à tous les établissements et toutes les écoles !
Cette loi pousse à son terme l’application de la réforme territoriale du gouvernement précédent à l’éducation nationale.
L’article 17 autorise le gouvernement à « prendre par ordonnance les mesures (…) rendues nécessaires par le nouveau découpage du territoire national pour l’organisation des services académiques ».
Abandon du projet de loi « Ecole de la confiance » ! Pour la liberté d’expression des enseignants, pour la défense de l’Ecole républicaine, pour une Education qui reste nationale !
La loi Blanquer fait système avec CAP 22 et le recul planifié des services publics, il fait système avec les 120 000 suppressions de postes prévues sur le quinquennat (d’ores et déjà 400 suppressions sont annoncées en 2019 pour les personnels administratifs).
Alors que les mobilisations se multiplient notamment en defense des services publics, et que la colere populaire s’amplifie contre les politiques menees par ce gouvernement, le ministre Blanquer et son gouvernement seraient bien inspires de prendre en compte cette situation en retirant ce projet de loi…
CGT – FO – Solidaires – UNEF – UNL appelle à la grève nationale interprofessionnelle le 19 MARS. Tous les syndicats FO du département se réunissent le 4 mars pour préparer le blocage… Préparons la mobilisation dans notre secteur, sur nos écoles à compter du 19 mars ! C’est la grève générale qui est à l’ordre du jour !