Le 5 mars, L’université et la recherche s’arrêtent.
Motion de l’Assemblée Générale du 3 mars 2020 (LLSH et DEG)
Les enseignant·es-chercheur·es, les enseignant·es, les chercheur·es, les personnels BIATSS, les doctorant·es, les docteur·es, les post-doctorant·es et les étudiant·es de l’Université d’Angers réuni·es en Assemblée générale le mardi 3 mars 2020 ont voté la motion suivante :
Attaché·es à une recherche et à un enseignement supérieur publics de qualité, nous nous inscrivons pleinement dans la mobilisation générale contre le projet de LPPR (en savoir plus) et de réforme des retraites, dont les enjeux sont liés. Nous estimons que l’absence de communication du gouvernement sur les contenus exacts de la future LPPR est dommageable à la qualité du débat public. Nous nous opposons également aux méthodes autoritaires du gouvernement tel que le recours au 49.3 pour la réforme des retraites et la prolifération des ordonnances et décrets contournant les débats parlementaires.
Redoutant une déconstruction de l’Enseignement supérieur et de la recherche, nous rappelons notre attachement aux principes de l’ESR, promouvant les valeurs d’égalité et d’émancipation, à savoir :
- Le statut national des enseignant·es-chercheur·es garantissant leur indépendance scientifique, la qualité de leurs enseignements et leur liberté académique, loin des dispositifs de contractualisation proposés, notamment pour les jeunes chercheur·es ;
- La coopération entre tous les personnels et équipes de recherche, qui concourent de manière égale à la réalisation des missions de l’université, et non une mise en concurrence généralisée ;
- Le maintien du principe de démocratie universitaire, l’évaluation par les pair·es et notamment les prérogatives du Conseil National des Universités (CNU) ;
- Des financements récurrents et pérennes des laboratoires de recherche, dans un souci d’équité territoriale, ces derniers devant être accrus ;
- L’articulation entre recherche et enseignement, fondement de notre identité professionnelle ;
- La qualité de la formation dispensée, et notamment de la formation doctorale et des conditions de réalisation du doctorat.
Pour ces raisons, nous exigeons tout d’abord le retrait de la réforme des retraites et l’abandon des mesures législatives et réglementaires reprenant les préconisations des trois rapports préparatoires à la LPPR et que le gouvernement rende public le projet de LPPR afin qu’il soit débattu publiquement.
Nous exigeons une amélioration des conditions de travail et d’étude dans l’enseignement et la recherche, une redistribution égalitaire des budgets de la recherche, un service public de la publication de la recherche ainsi qu’un monde de la recherche et une université égalitaires et non-discriminantes :
- un plan de titularisation massif des précaires de l’ESR et la création de postes (EC, C et BIATSS et ITA) ;
- une pérennisation et une augmentation des crédits récurrents des laboratoires afin de sortir de l’appel à projet comme mode principal de financement de la recherche ;
- des mesures permettant la sortie de la précarité des étudiant·es et l’ouverture de l’université à l’ensemble des étudiant·es, y compris les étranger·es ;
- une augmentation du nombre des contrats doctoraux permettant une contractualisation de l’ensemble des doctorant·es et l’octroi du titre de séjour « scientifique chercheur·e » à tous les doctorant·es étranger·es.
Nous appelons donc à une mobilisation de l’ensemble de la communauté universitaire (personnels BIATSS, enseignant·es-chercheur·es, enseignant·es, chercheur·es, doctorant·es, post-doctorant·es, docteur·es et étudiant·es) dès le 5 mars 2020 « L’université et la recherche s’arrêtent » par l’organisation d’une grève massive (arrêt total des activités administratives, de recherche et d’enseignement) et la participation à des actions ciblées, en coordination avec d’autres secteurs en lutte. Pour ce faire, nous organisons une caisse de grève à destination des personnels : www.lepotsolidaire.fr/pot/d66bij9w
Pour assurer une mobilisation de l’ensemble de la communauté universitaire, nous demandons à la Présidence de l’Université de ne pas décompter les jours de grève des personnels, de suspendre le contrôle continu le jeudi 5 mars et de banaliser les cours de l’après-midi de ce même jour.
Afin que nos revendications soient portées lors de la Coordination nationale des Facs et labos en lutte des 6 et 7 mars 2020 nous mandatons les personnes suivantes :
– Marie (EC)
– Katell (EC)
– Chadia (EC)
– Mehdi (étudiant)
– Sacha (étudiante)
Enfin, nous affirmons tout notre soutien à nos deux collègues Fariba Abdelkhah et Roland Marchal aujourd’hui emprisonnés en Iran et demandons leur libération.
La prochaine Assemblée générale aura lieu le lundi 9 mars de 12h30 à 14h en LLSH et portera sur le bilan de la Coordination nationale des Facs et labos en lutte et la suite du mouvement.
La motion est votée à l’unanimité des 117 présent·es, moins une abstention.
Informations sur la contre réforme du gouvernement LPPR
Lire sur le site de ESR FO
Vœux de la Ministre; nous prend elle pour des gogos? ICI
Communiqué FO ESR du 16 février 2020
LPPR = loi de programmation de la misère et de la destruction du service public
Les fuites sur le contenu du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), dévoilées par plusieurs sources1, ont confirmé le hold-up sur nos retraites.
L’article 2 prévoit explicitement dans la programmation budgétaire 2021 – 2027 de redistribuer une fraction de l’argent que l’Etat ne mettra plus en cotisation patronale pour les retraites en augmentation du budget de l’ANR et en revalorisations indemnitaires.
Cette loi ne programme donc pas d’augmenter le budget consacré à la recherche publique, elle programme le détournement de l’argent de nos retraites au profit de la recherche sur projet (l’ANR) et de primes pour nous imposer de nouvelles tâches.
Passer de 74 % de cotisation patronale pour les retraites des fonctionnaires (régime actuel) à 17 % (régime universel à points) permettrait en effet de diminuer de façon drastique la masse salariale consacrée aux fonctionnaires. Comment prétendre nous garantir le même niveau de pension avec beaucoup moins d’argent ? Cela confirme la nocivité de la réforme des retraites qui détruit le code des pensions civiles et militaires et l’obligation pour l’État de payer nos pensions pendant notre retraite.
Ce sera la misère pour nos retraites avec la réforme des retraites et la LPPR s’inscrit dans cette logique de destruction en utilisant les économies faites sur notre dos en instaurant le pilotage de la recherche par les appels à projets et la « performance » (avec l’aide de l’HCERES), et en détruisant nos statuts, notamment l’indépendance et le respect des missions dans le cadre du service public.
À la suite de la loi de transformation de la Fonction Publique, avec la LPPR, toutes les catégories de personnels sont attaquées :
- les jeunes sont condamnés à rester contractuels pendant de longues années et de moins en moins arriveront au final à être fonctionnaires ;
- les chercheurs et les enseignants-chercheurs verront leur liberté de recherche réduite à peau de chagrin et les nouvelles primes seront un moyen de pression supplémentaire pour leur faire accepter de nouvelles tâches ;
- les BIATSS et les ITA n’auront quasi pas d’augmentation de primes ;
- la ministre Mme Vidal a confirmé par sa réponse à la Cour des Comptes que les BIATSS vont subir une attaque contre leurs acquis en terme d’ARTT : travailler plus sans gagner plus !
De son coté le gouvernement s’isole de plus en plus – même le conseil d’État critique son projet qui renvoie à de trop nombreuses ordonnances – et il érige la violence et la répression comme méthode de gouvernement pour tenter d’endiguer la mobilisation qui dure depuis le 5 décembre.
Dans l’enseignement supérieur et la recherche, face à ces attaques, les motions – d’AG ou de conseils – de départements, d’UFR, d’instituts, de labos, de centres, etc. continuent de fleurir pour dénoncer la LPPR, souvent en en demandant l’abandon, et souvent en demandant aussi le retrait de la réforme des retraites.
Pour porter ses revendications, la mobilisation sous toutes ses formes se développe, que ce soit la grève, les manifestations, la rétention des notes, la non remontée des dossiers HCERES, et tout un tas d’initiatives originales.
L’enseignement supérieur et la recherche s’arrêtent à partir du 5 mars
Dans ce contexte, la Coordination nationale des facs et labos des 1er et 2 février 2020 a réuni 750 étudiants et personnels, représentant de nombreux établissements de toute la France. Elle ouvre une perspective : le 5 mars « L’université et la recherche s’arrêtent ».
FO ESR appelle les personnels à poursuivre et amplifier la mobilisation, à répondre à toutes les initiatives contre le projet de réforme des retraites, notamment celle du 17 février dans les transports et les organismes sociaux, et le 20 février au niveau interprofessionnel.
FO ESR appelle les personnels à se saisir des propositions de la coordination nationale2 en organisant partout des AG, qui mettent en discussion ces propositions et qui construisent de manière effective l’arrêt de toutes leurs activités, c’est à dire la grève, à partir du 5 mars. FO ESR appelle également les personnels à mandater des délégués pour la 2ème coordination nationale les 6 et 7 mars. |